12 nov. 2013

Pépites d'histoire

On me raconte que pendant l'hiver 60-61, il y eut une grève générale en Belgique contre l'austérité de la Loi Unique.

On me raconte que, émus par la ténacité, le courage et l'intégrité de cette grève, en France, on accueillait les enfants des grévistes, en Pologne, on leur envoyait à manger.

On me raconte que la répression fut impitoyable.
On me raconte que l'austérité s'attaquait alors aux salaires, qu'il s'agissait d'augmenter les impôts, de réduire la fonction publique.

On me raconte les piquets de grève, l'armée mobilisée, la gare détruite à Liège.
On me raconte un pays en grève dans le froid, à Liège, à Seraing, à Anvers, à Gand, à Bruxelles, à Arlon.

On me raconte la duplicité d'une gauche prompte à échanger la probité du peuple contre des maroquins ministériels, on me raconte la grève sans mots d'ordre syndicaux, on me raconte la grève malgré les syndicats officiels.

On me raconte une défaite qui fit trembler un royaume, celui du profit, des affaires.

On me raconte cette lutte de vendeuses, d'enseignants, de métallos, d'ouvriers ou de fonctionnaires. On me raconte ces rêves d'un bonheur possible. On me raconte des gens qui reprennent un instant et pour l'éternité la vie qu'ils attendaient. On me raconte aussi le manque d'argent, la solidarité, les soupes populaires à l'oignon.

En me racontant tout cela, on me montre en filigrane des images d'Indonésie, du Brésil, d'Espagne, de Grèce de toutes ces contrées où certains avec un succès incertain cessent de subir l'histoire pour l'écrire, où certains ne sont plus employés mais deviennent - fût-ce le temps d'un été, d'un printemps, d'un espoir, d'une marche.


D'autres rappellent aussi les luttes de la Libération, victorieuses, d'autres rappellent encore notre Commune.

Ce ne sont là que des choses qu'on raconte mais l'espace du temps d'un souffle, novembre est moins froid, moins humide et bourgeonne ses racines endormies.