18 avr. 2014

Un prisonnier en grève

Peut-être connaissez-vous Le Vagabond des étoiles, un roman de Jack London dans lequel le héros, de plus en plus maltraité par ses geôliers s'évade dans l'espace, dans le temps et dans son imagination pour - aussi entravé soit-il - se créer un monde de liberté et y vivre?

Josh Eidelson dans Salon (ici, en anglais) nous parle d'un prisonnier parti en grève pour dénoncer les conditions de travail esclavagiste en cabane. Dans un article ici, nous vous avions déjà évoqué les conditions de travail dans les prisons françaises.

Le gréviste refuse de travailler ce week-end pour dénoncer le travail gratuit et espère faire tache d'huile. Il appelle les prisonniers à le suivre. Joint au téléphone par le journaliste, l'intéressé, Melvin Ray, explique les conditions de travail en Alabama en prison. Les prisonniers travaillent à la cuisine, à la blanchisserie, ils travaillent dans la chimie et font des plaques d'immatriculation, des meubles. Selon lui, le département de l'agriculture de l'Alabama a évoqué l'idée de remplacer les saisonniers dans l'agriculture par des prisonniers en 2011. En 2012, le sénat de l'état a passé une loi qui autorise le secteur privé à utiliser de la main-d’œuvre en prison. 

Des prisonniers ont déjà fait grève à St Clair, Holman et Elmore, trois prisons de l'état, plusieurs jours en janvier dernier. Selon Ray - en dépit d'une version officielle très édulcorée - l'essentiel des 1.300 prisonniers de St Clair et presque tous les 1.100 prisonniers de Holman avaient suivi la grève alors. Il a prédit que l'arrêt de travail de ce week-end devrait s'étendre et être plus important que celui de janvier. Il a également accusé la direction d'entraver le mouvement en en menaçant les leaders, en les envoyant au cachot. "C'est un enfer, c'est pour ça qu'ils ont créé ce truc: pour détruire les gens".

Les grévistes veulent assurer un programme d'éducation et une vraie réhabilitation, en finir avec la surpopulation, avec la prison à vie sans liberté conditionnelle et "le système de travail libre". Il n'a même aucune prétention à la correction, c'est un empire esclavagiste.

Le système pénitentiaire de l'Alabama est soumis à une enquête fédérale mais, selon le bouillant prisonnier, c'est aux prisonniers à conquérir les choses.

Le mouvement de grève se veut non-violent - les antécédents de certains détenus excluent le recours à la violence dont ils veulent se défaire. 

Si l'arrêt de travail dure une semaine, il peut rester confiné à une seule prison mais, s'il dure deux semaines, il peut s'étendre. Après trois semaines, il pourrait se généraliser. Le syndicat anarchiste [vers lequel vous pouvez trouver un lien dans nos copains] IWW soutient pleinement les grévistes et la plateforme avec lui.