8 janv. 2015

Mains anonymes emportées par l'attentat

In memoriam de toutes les victimes de l'attentat, soutien et amitié à leur famille et à leurs proches.
C’est l’horreur qui nous a saisis, ce matin, quand l’incroyable nouvelle est survenue : un attentat sanglant contre Charlie Hebdo, des hommes armés, douze morts, près de vingt blessés. L’horreur, qui nous abasourdit. Et nous laisse sans mots.
L’amitié, ensuite, pour ceux et celles que nous connaissons et que nous aimons, et pour ceux et celles que nous ne connaissons pas. La douleur pour les morts, la désolation pour les blessés, l’amitié et le désir de réconfort pour leurs proches, leurs amis, leurs enfants. Comment vous dire qu’on est avec vous, avec notre tendresse et notre impuissance ? Mais nous sommes avec vous, de tout notre cœur.
Et puis la détermination. Ce sont des journalistes qu’on a voulu tuer, c’est la presse qu’on a voulu abattre, c’est la liberté qu’on a voulu détruire. Eh bien, nous le disons : nous ne céderons pas. Dans les temps difficiles d’aujourd’hui, et les jours sombres qui se profilent, il est vital que la liberté continue, s’exprime, s’affirme. Nous continuerons notre travail d’information et de témoignage, avec encore plus de détermination et d’énergie que jamais.
Ce texte est publié en commun par : Actu Environnement, Arrêt sur images, Basta Mag, Global Magazine, Huffington Post, Libéweb, Mediapart, Politis, Reporterre, Rue 89, Terra Eco, We Demain.

Alors que les noms des célébrités tuées dans l'attentat d'hier circulent partout, RTL nous rappelle les petites mains anonymes que les tueurs fous ont abattus.

Ces mains anonymes sont celles qui construisent le monde, le gardent, l'embellissent, l'entretiennent et le font advenir. Elles ont été tuées le onze septembre, elles ont été tuées à Madrid ou à Londres et, ici, à Paris. Elles sont tué tous les jours en Irak, en Afghanistan ou au Yémen. Tous les jours.

Bien sûr la liberté d'expression n'est pas une option mais une nécessité. Elle nous est nécessaire pour défendre nos idées, nos points de vue; elle est nécessaire à la liberté de tous et au dynamisme de la société.

La violence emporte dans son aveuglement imbécile des dessinateurs mais aussi des gardiens d'immeuble, des policiers, des correcteurs. Elle emmène tous les employés dont le tort est d'être là, au mauvais moment, dans l'exercice de leur emploi.

En souvenir de ces victimes anonymes, en souvenir des victimes célèbres qui abhorraient le pouvoir et la notoriété, voici l'extrait de l'article de RTL (disponible ici, en français)
Frédéric Boisseau, un agent de maintenance, salarié chez Sodexo. Il est la première victime des tueurs. Une fois à l'intérieur du bâtiment, ils se sont dirigés vers lui et l'ont abattu avant d'accéder au deuxième étage, où se situe la salle de rédaction de Charlie Hebdo, et d'y faire feu. Le leader mondial des services aux entreprises a d'ailleurs invité jeudi l'ensemble de ses 420.000 collaborateurs présents dans 80 pays à observer une minute de silence en hommage à Frédéric Boisseau.

Le policier chargé de la protection de Charb
Le brigadier Franck Brinsolaro, 49 ans, est également tombé sous les balles. Il est l'un des deux policiers tués dans l'attentat: il était chargé de la protection du dessinateur Charb. Franck était le mari de la rédactrice en chef de l'hebdomadaire L'éveil normand, Ingrid Brinsolaro. Le couple s'était marié récemment et avait deux enfants, dont un de treize mois qu'ils ont eu ensemble. "Ingrid était très discrète sur les activités de son mari. Nous avons appris seulement le jour de l'attentat qu'il assurait la protection de Charb", a indiqué Philippe Rifflet, directeur délégué de l'Eveil normand.
L'hebdomadaire est en deuil et la petite rédaction va se réunir, sans témoin. "L'équipe se retrouve aujourd'hui. Il y a un journal à sortir, nous souhaitons rester entre nous", a déclaré M. Rifflet.

Ahmed Merabet: le second policier abattu, en rue cette fois
Ahmed [Merabet] est le deuxième policier abattu. Il est mort lors de la troisième fusillade avec les forces de l'ordre, survenue lors de la fuite des tueurs. Ahmed [Merabet] a été touché et s'est trouvé à terre, selon la vidéo diffusée sur internet et authentifiée par les enquêteurs. Les deux tueurs sont sortis de leur voiture et se sont approchés à petites foulées du policier. L'un d'eux lui a crié "Tu voulais me tuer!". Le policier a levé la main et dit "Non c'est bon chef", avant d'être abattu d'une balle en pleine tête. D'après certains témoignages, il avait 42 ans était musulman et marié. Ces informations n'ont pas encore été confirmées. Sur Twitter, cette photo est présentée comme étant son portrait.

Elsa Cayat, la psychiatre ayant sa chronique "Le Divan"
Parmi les victimes, la médecin, psychiatre et psychanalyste française Elsa Cayat. Elle collaborait à l'hebdomadaire en signant tous les quinze jours sa rubrique "Le Divan".

Mustapha [Ourrad], le correcteur venu de Kabylie
Mustapha Ourrad est aussi décédé. Il était correcteur à Charlie Hebdo, écrit Le Monde. "Il était né en Algérie, mais se revendiquait "kabyle". Orphelin, il était arrivé en France à vingt ans au terme d'un voyage payé par ses amis", révèle le quotidien français. "Après un parcours chaotique, il avait intégré une maison d'édition puis divers journaux où il était apprécié pour ses qualités de correcteur, son érudition, mais aussi son sens aigu de l'autodérision".

Michel Renaud était là pour rencontrer Cabu
Michel Renaud, était invité ce jour-là. Il est le fondateur du festival clermontois Rendez-vous du carnet de Voyage. Ancien directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand, il était venu mercredi chez Charlie Hebdo pour rencontrer le dessinateur Cabu et lui rendre des dessins prêtés.